
Bleu cobalt
Pourquoi faut-il ajouter cobalt à bleu?
Cela sent la technique, la chimie, la dureté du métal, la géométrie et la précision.
Cela sent le discours de connaisseurs dans les allées d’un magasin de matériel de peinture où je danse d’un pied sur l’autre au rayon aquarelle sans savoir quel pinceau choisir.
Cela sent les regards réprobateurs quand j’arrive à l’examen à la bourre en ayant révisé le mauvais chapitre.
Cela sent l’imposture comme celle qui me prend à la porte d’une église, lors d’une cérémonie dont j’ignore les codes.
Le bleu cobalt ne peut pas être contourné. Je le préfère en petites touches.
Bleu marine
J’aime cette couleur qui m’illumine. Bleu marine.
Outre le monde qu’elle convoque, peuplé de sirènes et d’étoiles de mer, le bleu marine est profond, abyssal et velouté. Pourtant, s’il recèle coquillages et poissons multicolores, il héberge aussi de grimaçantes baudroies et des pieuvres géantes aux mille ventouses.
Bleu marine au plus profond, bleu marine au firmament. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Le bleu marine évoque l’infiniment grand, l’infiniment petit, les cycles, les boucles.
D’après la faculté, il se range dans les bleus froids et doit donc être couplé à l’argent. Pourtant, l’or filant dans le ciel d’une nuit d’hiver transgresse la règle et c’est si beau. Le bleu marine, pour d’autres couleur conventionnelle des jeunes filles de bonne famille est, à mes yeux, fait de mystère et d’aventure, avec un soupçon de défi.